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chose qui va trancher sur la monotonie et la platitude de la vie. Mais alors, quel accueil ! L’Etat, si paternel tout à l’heure, refuse absolument son aide et ses faveurs, les jurys ferment, autant qu’ils le peuvent, les portes des Salons, le public et les critiques raillent et conspuent. C’est de la sorte qu’ont été accueillis et traités, pendant une partie de leur vie, les peintres vraiment originaux de la France moderne : Delacroix, Rousseau, Corot, Millet, Courbet et, en dernier lieu, Manet.

Pendant des années, tout ce qu’un artiste aux Salons peut subir d’injures, Manet l’a subi de la part du public et des critiques. Mais, à chaque Salon, il réapparaissait, affirmant davantage cette manière personnelle qui excitait précisément l’opposition de la foule, et, sans qu’on s’en doutât, par la force intrinsèque qui se trouvait en lui,