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Kyrie eleison à l’Esprit saint ; au Père et à l’Esprit on donne le même titre, parce que tous deux sont d’une même nature ; mais le Fils en reçoit un autre, parce que le Fils, tout en ayant la même nature qu’eux, en a encore une autre, comme un géant né de deux substances. Voilà pourquoi on dit trois fois la même invocation au Père, au Fils et à l’Esprit saint, pour marquer l’union du Père avec le Fils, du Fils avec le Père, et de l’Esprit avec les deux. On parlera de cela dans la cinquième partie, au chapitre de Prime. Et au milieu de ces neuf invocations on change Kyrie en Christe, pour marquer qu’il y a deux natures dans le Christ. Trois fois Kyrie eleison, multiplié par trois, signifie les prières des Pères de l’Ancien-Testament, qui s’étaient multipliées à un tel point que la grâce de la souveraine Trinité les associa, par l’avènement du Christ, aux neuf légions des anges.

IV. Or, l’efficacité de ces mots est grande. Car on lit que le bienheureux Basile ayant crié : Kyrie, eleison, les portes de l’église de Ticina, ou Pavie, s’ouvrirent toutes seules. On dit encore que le bienheureux Geminianos ayant crié Kyrie, eleison, mit cinq rois en fuite. Cela vient peut-être de ce que cette parole a un autre sens que celui de Seigneur, aie pitié, mais que nous ignorons. Dans certaines églises, aussitôt après le dernier Kyrie eleison on ajoute émaséé, mot grec qui en latin veut dire nous. Et le sens de Kyrie, eleison èmas, est : Puissance divine, aie pitié de nous. Le bienheureux Grégoire établit le chant neuf fois répété du Kyrie eleison par le clergé seulement et à la messe où tout le peuple assisterait. Le Kyrie, chez les Grecs, était chanté, dans l’origine, par le clergé et le peuple à la fois. Ce fut le pape Sylvestre qui emprunta le Kyrie eleison aux Grecs.