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tion du Christ, afin que les prédestinés soient appelés au vrai culte de Dieu. Dans certaines églises, on dit des tropes (tropi), au lieu des psaumes, selon l’ordre établi par le pape [saint] Grégoire, pour marquer une plus grande joie de ra\énement 3u Christ.

VI. Le trope est, à proprement parler, un petit verset qu’aux principales festivités on chante immédiatement avant l’introït, dont il est comme le préambule et comme la continuation. Exemple : à la fête de Noël, avant l’introït Puer natus est, etc., on chante ce trope : Ecce adest, de quo Prophetæ cecinerunt, dicentes : Puer natus est, etc. Le trope tire son origine de l’ancienne loi. On lit, en effet, dans les Nombres, chapitre X, que pendant qu’on enlevait l’arche on chantait : « Lève-toi, Seigneur ; » et pendant qu’on la portait : « Reviens. Seigneur, à ta grande armée. »

VII. Le mot trope vient de tropos, conversion, parce qu’on s’en sert ordinairement pour revenir à l’introït, d’où vient que quelquefois on l’appelle d’abord verset (versus), et ensuite egeison[1]. Et de là aussi le trope est appelé ceinture (zona), quæ couvertitur ah umbilico ad umbilicum, eum circumeundo,

VIII. On peut aussi l’appeler autrement, parce que l’introït est la louange que l’Église donne à Dieu pour la conversion des Juifs. Le trope contient donc trois choses, savoir : l’antienne, le verset et le Gloria. Et cela à cause des trois ordres des fidèles, qui, dans la langue hébraïque, sont désignés ainsi : les patriarches, les prophètes et les apôtres. L’introït ou l’antienne, c’est l’ordre des patriarches, le verset celui des prophètes, le Gloria celui des apôtres. La répétition de l’antienne, c’est l’identité et la confirmation de la prédication ; comme si, en quelque sorte, le prophète avait prédit et l’apôtre évangélisé ce que longtemps auparavant le patriarche avait figuré par ses actions. Et, relativement à cette conversion, il faut

  1. Qui éveille, excite, anime, de egeirô.