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que le signe réponde à la chose signifiée, on asperge un seul autel et tout le peuple, parce que c’est le Christ seul qui porte les péchés du monde.

VI. L’encensement représente quelquefois l’effusion des diverses grâces spirituelles ; et, comme la grâce se trouve non-seulement dans le chef ('in capite), mais aussi dans ceux qui sont soumis au chef, c’est avec juste raison qu’après le premier autel on a coutume d’encenser les autres, qui symbolisent les divers degrés des saints. L’encens dans l’encensoir signifie le cœur enflammé du feu de l’oraison, parce que notre prière doit seulement s’adresser principalement à Dieu et au Christ, notre médiateur ; c’est pourquoi on a coutume d’encenser l’autel et le crucifix. Dans le temps de Pâques, nous chantons pour l’aspersion Vidi aquam, paroles tirées d’Ezéchiel, chapitre xlvii. Le Seigneur lui montra la cité bâtie sur un mont qui s’étendait vers le midi, et dans laquelle était un temple admirable. Cette cité, c’est l’Église, dont il est dit : « Une cité posée sur une montagne ne peut être cachée. » Le temple, c’est le corps du Christ, dont il est dit : « Détruisez ce temple, et je le réédifierai dans trois jours. » L’eau qui sort du temple est la fontaine du baptême qui coule du côté du Christ.

VII. Mais, puisque le Christ a été percé d’une lance au côté gauche, pourquoi dit-on ici que cette eau sort du côté droit ? Je réponds : Il y a deux côtés du Christ, le droit et le gauche. Le droit est sa divinité, et le gauche son humanité. Donc, l’eau est sortie du côté droit, parce que de la nature divine du Christ l’eau invisible de l’Esprit saint s’est épanchée, et il a donné à cette eau invisible qui jaillit du côté gauche, c’est-à-dire de l’humanité du Christ percée d’un coup de lance, la vertu du salut. C’est donc à juste titre qu’à la procession du jour de Pâques nous chantons ces paroles à la louange de ce fleuve, dans l’inondation duquel nous avons pris une seconde vie par la mort du Christ. Mais après l’Octave