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peur que nous ne soyons du nombre de ceux qui parlent de paix avec le prochain et qui pensent du mal dans leurs cœurs. C’est pourquoi, quand le Christ eut ainsi parlé à ses apôtres, il souffla sur eux et dit : « Recevez le Saint-Esprit. »

I. Pour désigner cela, après avoir fait le mélange et dit l’oraison, le prêtre, dans certaines églises, reçoit la paix de l’eucharistie ou du corps même du Seigneur ; ou, selon d’autres, du sépulcre même, c’est-à-dire du calice ou de l’autel ; ensuite, il donne un baiser sur la bouche au ministre, c’est-à-dire au diacre. Ceux qui reçoivent du corps même ce baiser le font pour marquer que la paix spirituelle a été donnée par le Christ au genre humain. D’autres encore désignent la même chose. Alors le diacre donne la paix aux autres, qui se la donnent entre eux, pour marquer que tous doivent avoir la paix, surtout les enfants de l’Église. Et le diacre lui-même, en recevant la paix du prêtre, s’incline avec respect et baise la poitrine du prêtre. Suivant la coutume de certaines églises, il étend la planète[1] ou chasuble, afin que, par le baiser de paix et l’extension de la planète, qui désigne la charité, comme on l’a dit dans la troisième partie, il montre que la charité doit se répandre. Or, comme la charité de Dieu est répandue dans nos cœurs par l’Esprit saint qui nous a été donné, c’est pourquoi le baiser de paix s’étend à tous les fidèles de l’Église ; car l’Apôtre le recommande : « Saluez-vous, dit-il, en vous donnant un saint baiser. »

II. L’action du prêtre de donner la paix au peuple a été préfigurée par Josué qui, après avoir vaincu les ennemis, obtint la terré promise, qu’il partagea d’après le sort et qu’il posséda en paix. Et le Christ ressuscitant, après avoir vaincu le diable, donna aux hommes la paix et des dons. Or, le pon-

  1. C’est-à-dire la fait retomber sur les bras. Pour comprendre ce symbolisme, il faut se rappeler que l’ancienne chasuble, dont le vêtement actuel du même nom donne une si pauvre idée, couvrait entièrement le prêtre, et figurait ainsi la charité, qui couvre la multitude des péchés.