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soit donné. Ensuite, quand il a été délivré du mal et fortifié dans le bien, il demande que la volonté divine s’accomplisse sur la terre ainsi qu’elle s’accomplit dans le ciel. Et, comme dans cette vie les biens dont nous avons parlé ne peuvent lui arriver d’une manière parfaite, il demande que le règne de Dieu arrive, règne dans lequel le nom du Père soit sanctifié dans les cieux, afin que jamais, dans la suite, il ne puisse être privé de la grâce de la sanctification. Puisque nous avons exposé plus haut la série des demandes, nous allons continuer par leur explication détaillée.

II. Il faut remarquer d’avance, cependant, que l’introduction de l’oraison, c’est-à-dire « Notre Père qui es dans les cieux, » est un moyen de capter la bienveillance, comme nous le dirons tout-à-l’heure. En effet, père en grec se dit pètèr, et genitor en latin, et en hébreu abba ; et Dieu est appelé père, de patrando ou perficiendo (faire, achever), parce que par lui toutes choses ont été faites. Or, Dieu est appelé Père d’une manière générale, d’une manière spéciale et d’une manière unique. D’une manière générale, par la création de toutes choses ; d’une manière spéciale, par l’adoption des justes ; d’une manière unique, par la génération du Christ. Par la création, comme dans ce passage : « Je fléchis les genoux devant toi, ô Dieu ! Père tout-puissant, de qui toute paternité reçoit son nom dans le ciel comme sur la terre. » Par adoption, comme en cet endroit : « Or, si vous, bien que vous soyez mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père céleste ne vous donnera-t-il pas un bon esprit, quand vous le prierez ? » Par génération, comme en cet endroit : « Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père, ni le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils a voulu le révéler. » Le prêtre, en disant : « Notre Père qui es dans les cieux, » nous détourne de deux choses, c’est-à-dire de l’orgueil, car nous ne disons pas Pater mi, « Mon Père, » en considérant comme notre père particulier Celui qui