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qu’on est sous la loi évangélique, et pour marquer que dans la loi nouvelle le Roi des cieux a parlé ouvertement et a prêché sans voile ; c’est pour cela que l’oraison dominicale et le Credo in unum Deum sont récités à haute voix, afin que tout le peuple les dise[1] et les apprenne. On en a encore donné une autre raison au chapitre de la Prédication ; mais la troisième clause, c’est-à-dire le Libéra nos, est prononcé à voix basse, pour marquer que quelquefois le Christ s’abstenait de prêcher. On donnera pourtant une autre explication de ceci tout-à-l’heure. En prononçant Pater noster, le prêtre, qui auparavant a étendu ses mains, les élève encore une fois. D’abord, en disant : Prœceptis saliitaribus moniti, etc., « Instruits par tes avertissements salutaires, » il a représenté les actions de Joseph, dont on a parlé au chapitre précédent, actions qui furent dictées par des préceptes salutaires, et qui furent accomplies par l’institution divine. Or, parce que la doctrine s’acquiert en écoutant, en méditant et en apprenant dans la tranquillité (V, q. iv. In loco), c’est pourquoi le prêtre prononce ces paroles les mains appuyées sur l’autel, en disant : Pater noster, etc., représentant le Christ apprenant à prier au peuple ; et c’est pour cela qu’à l’exemple de Moïse quand il priait, il étend les mains et les élève de nouveau, pour désigner la ferveur du cœur et l’intention droite qui s’élèvent vers Dieu. En disant : Prœceptis salutaribus, il dépose de nouveau sur l’autel le calice et l’hostie, comme on l’a dit ci-dessus.

II. Or, le pontife de l’ancienne loi, revenu vers le peuple, lavait ses habits, et cependant il était impur jusqu’au soir, comme on l’a dit dans la préface de cette partie. Ainsi le Christ, après être entré dans le Saint des saints, revient vers l’Église pour compatir à ses misères et pour lui porter secours, et il lave ses vêtements, c’est-à-dire il purifie les saints. Cepen-

  1. Dans l’Église grecque, le Pater est chanté par tous les assistants ; ce qui s’observait de même autrefois dans les Gaules (Greg. Turon., lib. 2, De Miraculis S. Martini).