Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/321

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

consec., d. ii) que l’Ecriture ici n’a pas égard au court espace du temps ; mais, comme le prêtre ne peut à la fois proférer beaucoup de paroles et faire beaucoup de choses, il parle et agit comme si le temps durait toujours et comme si ce qui n’était pas encore fait au commencement des formules était encore à faire, et ainsi les paroles et les signes ne doivent pas se rapporter au temps où ils sont faits ou proférés, mais à l’intention et à la conception de celui qui parle. Le pape Innocent III dit que dans le canon les paroles ont une signification, et que les signes en ont une autre ; car les paroles se rapportent principalement à l’eucharistie, et les signes tendent principalement à en rappeler l’histoire. Nous nous servons des paroles pour consacrer le pain et le vin au corps et au sang de Jésus-Christ ; nous usons des signes pour rappeler ce qui s’est passé touchant le Christ pendant la semaine Sainte. Il est donc évident que, dans l’ordre de la consécration de l’eucharistie, cette formule : Qui pridie quam pateretur eût dû être placée à la fin du canon, parce que c’est là la consommation de la consécration. Mais cette marche eût empêché de reprendre l’ordre historique, attendu que ce qui est arrivé au milieu serait placé à la fin. L’ordonnateur du canon, jaloux de conserver l’ordre historique, et pressé par la nécessité, plaça au milieu le petit chapitre : Qui pridie, etc., qui est comme le cœur du canon, pour que l’on comprît que ce qui suit est ce qui précède, d’après une figure qui a souvent lieu, que ce qui ne vient qu’après dans la narration précède dans la pensée, ou plutôt pour conserver tant à la lettre qu’à l’histoire leur ordre naturel ; ainsi, que l’on dise que les signes ont trait à rappeler l’histoire de la passion, parce qu’ils signifient les cinq sens qui alors souffraient dans le Christ, ou ses cinq plaies, comme on l’a dit. Mais les paroles ne se rapportent pas à la consécration future de l’eucharistie ; que dis-je ? elles ont trait à l’eucharistie déjà consacrée. Suivent ces mots : nos servi, c’est-à-dire « nous les prêtres ; » sed et plebs tua sancta, « et aussi ton peuple