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réalités dont ils sont les sacrements, c’est improprement qu’on les nommerait sacrements ; comme le sacrement de Baptême, qui est l’ablution extérieure de la chair, signifie, par similitude, l’ablution intérieure de l’âme. Sans doute, ce sacrement porte en lui la similitude du corps dans lequel le pain est figuratif ; l’espèce du pain est donc le sacrement du corps, non-seulement en raison de la chose signifiée, mais encore en raison de la chose contenue.

XXIII. Or, on demande si l’espèce du pain et la réalité du corps sont un seul ou plusieurs sacrements ? Et il paraît qu’elles en forment divers, parce que, comme il y a divers signes, il paraît aussi qu’il y a divers sacrements. En outre, il est écrit : « Nous te prions, Seigneur, que tes sacrements profitent en nous, » lesquelles paroles seront expliquées au chapitre de la dernière Oraison. Et il paraît, d’un autre côté, qu’elles n’en font qu’un seul ; car, comme elles signifient une même chose, il paraît qu’elles sont le même sacrement. On lit en outre : « Fais que ce sacrement de ton corps et de ton sang ne serve pas pour notre châtiment. » À ce sujet, certains auteurs disent que la forme du pain et du vin font un seul sacrement, non à cause de la seule chose contenue, mais à cause de la seule chose signifiée. Ceux-ci doivent accorder que, de même que diverses choses, à cause de leur seule et même signification, ne sont qu’un seul sacrement, ainsi une seule chose, à cause de ses diverses significations, forme divers sacrements. On leur objecte que si l’espèce du pain et la réalité du corps sont un même sacrement, puisque l’espèce du pain est le sacrement du corps, donc la réalité du corps est le même sacrement ; ainsi, la même chose est pour elle-même son propre sacrenent. Mais ceci n’avance en rien, parce que l’espèce du pain est comme un sacrement, qui est la réalité du corps. L’une est ce que n’est pas l’autre, puisqu’elles sont deux sacrements divers.

XXIV. Mais d’autres prétendent que, soit qu’il y ait diverses