Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

transsubstantiée en chair avec une autre, ni l’autre changée en sang avec la première. Car, si le pain sans le vin ou le vin sans le pain pouvaient être changes en chair ou en sang dans les pays où ni l’un ni l’autre ne peuvent être trouvés, l’un pourrait licitement être consacre sans l’autre, car l’ignorance excuse moins que la nécessité, ou la négligence que la difficulté. Mais d’autres disent que, puisque le Christ changea le pain en chair avant d’avoir changé le vin en sang, comme le texte de l’Evangile le montre, il arrive aussi que le pain est consacré sans le vin, et que le vin est consacré sans le pain. Cependant il pèche gravement celui qui, par négligence ou par ignorance, omet l’une ou l’autre espèce. Celui-là pèche plus gravement encore qui le fait sciemment ou volontairement, surtout s’il a l’intention de changer la forme du sacrifice ou d’introduire une hérésie.

XLIX. Que doit donc faire le prêtre, si, après la consécration, il s’aperçoit qu’il a omis le vin ? Je réponds : S’il l’a fait volontairement, pour introduire une hérésie, le sacrement du corps ne subsiste pas ; mais, s’il l’a fait par oubli ou par négligence, néanmoins le corps a été consacré, comme on l’a vu plus haut (De cons., d. iv, Retulerant). Car alors, comme disent quelques-uns, il doit verser le vin et prononcer sur lui seulement les paroles de la consécration du sang, c’est-à-dire à partir de ces mots : Simili modo, jusqu’à la fin, en omettant toutefois les deux croix qui se font séparément sur le pain. D’autres disent que, le vin étant versé dans le calice, on doit mêler dedans le pain consacré et prendre ainsi le sacrifice sans aucune répétition, comme il arrive le Vendredi saint. Il paraît à d’autres qu’on ne doit pas verser le vin, pour éviter le scandale. Mais ce que disent les premiers est plus vrai, car il vaut mieux donner lieu au scandale que d’omettre la vérité (Extra De re jus, qui scandalizaierit). Car si cette vérité est omise, c’est-à-dire si le vin n’est pas servi, cela ne peut pas vraiment être appelé sacrement. On ne doit prendre ni le corps et le sang mélangés, ni le