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la condition de la mort, parce qu’il voulait supporter la mort, et que, s’il n’eût pas accepté la mortalité, il n’eût pu mourir entièrement. Afin donc de prouver qu’il était mortel (non par nécessité, mais volontairement), il déposa son immortalité quand il le voulut, et quand il le voulut aussi il reprit la condition mortelle. On lit dans l’Évangile que, les Juifs ayant conduit Jésus sur le faîte d’une montagne pour le précipiter en bas, le Sauveur, traversant au milieu d’eux, s’en alla paisiblement. En allant sur la montagne, il se laissait tenir comme un homme passible ; mais quand il fut sur le point d’être précipité, en sa qualité d’être impassible il passa paisiblement au milieu de ses ennemis.

XXXV. Cependant on peut, sans blesser la foi, accorder qu’il donna dans la cène un corps mortel tel qu’il l’avait alors, et évidemment aussi un corps passible, non qu’il puisse souffrir sous le sacrement, c’est-à-dire maintenant, mais parce qu’il pouvait souffrir sous le sacrement, c’est-à-dire à cette époque. Maintenant nous le prenons dans un état d’immortalité et d’impassibilité, et cependant il n’a maintenant ni une plus grande efficacité, ni une plus grande puissance. Or, parce qu’il était mangé dans un état de passibilité, cependant il n’était pas lésé ; il n’appartenait pas à la nature humaine, mais en lui était la puissance divine, par laquelle il voulait tout ce qu’il voulait absolument.

XXXVI. Discipulis suis. On a coutume de douter si Judas reçut l’eucharistie avec les autres apôtres : car saint Luc le montre en compagnie des autres, puis aussitôt après il parle de la livraison du calice, en faisant dire au Christ : « Ceci est le calice du Nouveau-Testament dans mon sang, qui sera répandu pour vous ; et cependant voici que la main de celui qui va me livrer est avec moi sur la table. » Or, tous ceux qui furent présents reçurent l’eucharistie, selon le témoignage de saint Marc, qui dit : « Et tous burent de ce calice, » d’après ce que le Christ lui-même avait ordonné, témoin saint Mathieu :