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XVI. Or, il faut remarquer que dans le corps du Christ on considère onze miracles, dont on ne peut donner expressément la raison, quoiqu’on puisse les prouver par des similitudes.

XVII. Le premier miracle, c’est que le pain soit transsubstantié au corps seul et au sang seul, ce dont on a déjà exposé les raisons. Une autre raison manquait encore ; c’est qu’une nourriture et un breuvage matériel, deviennent chair et sang en changeant de nature, et d’une nature bien supérieure à leur nature primitive ; car Dieu peut faire immédiatement que le pain soit changé en son corps, et le vin en son sang.

XVIII. Le second miracle, c’est que chaque jour le pain soit transsubstantié au corps du Christ, et que Dieu n’en reçoive point d’augmentation. On n’a pas encore donné la raison de cela : c’est que, si je possède quelque secret que je manifeste à plusieurs, quoique tous sachent mon secret après ma révélation, cependant dans moi seul ou dans mon esprit n’a lieu aucune espèce d’augmentation quant à ce secret.

XIX. Le troisième miracle, c’est qu’il est pris et consommé chaque jour sans que pour cela il éprouve aucune diminution. La raison en est que, si avec mon flambeau on allume mille flambeaux, le mien n’a rien perdu de sa lumière. Car la veuve de Sarepta mangeait sans que la farine diminuât dans son vaisseau, et l’huile dans sa cruche.

XX. Le quatrième prodige, c’est qu’étant indivisible, il est pourtant divisé et demeure intact et tout entier dans chaque partie de l’eucharistie ; et la raison s’en trouve dans un miroir où quelque chose est représenté : si l’on partage ce miroir en morceaux, la chose même est représentée dans chaque fraction du miroir, comme on le dira dans la particule suivante, à cette parole : Simili modo.

XXI. Le cinquième prodige, c’est que, pris par des criminels, il n’en reçoit point de souillures ; la raison, c’est que, le soleil traversant de sa lumière des lieux infects, n’en est pas souillé pour cela (xix d., Secundum).