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les fidèles régénérés par le baptême, rougis et sanctifiés par le sang du Christ, l’eucharistie ne manquera pas jusqu’à la fin des siècles. Bien plus, elle ne manquera pas même alors, si ce n’est qu’elle ne sera plus prise d’une manière sensible, mais nous verrons Dieu face à face.

IV. Selon les Hébreux, hostie vient du mot ostium (porte), parce qu’elle était offerte à l’entrée du tabernacle. Selon les Gentils, hostie vient de hostis (ennemi), parce que c’était après la défaite des ennemis que l’on offrait une hostie, c’est-à-dire un sacrifice ; et la victime s’offrait pour obtenir la victoire, comme on l’a vu au chapitre de l’Oblation. L’hostie est encore appelée immolation, parce que le Christ y est immolé sacramentellement, lui qui, une fois, a été immolé en vérité, pour nos péchés, sur la croix. Immolatus vient de mola, gâteau qu’on avait coutume de faire avec une espèce de froment appelé far ou ador. Or, ce qui est arrivé auparavant pour la manne s’achève dans l’eucharistie ; car, quelque partie que chacun reçoive, il reçoit toute l’eucharistie, comme il arriva de la manne, puisque celui qui en avait le plus amassé n’en avait pas davantage, et celui qui en avait ramassé le moins n’en avait pas une moindre quantité. La manne figurait donc l’eucharistie, ce pain céleste dont le Sage dit : « Il a donné du ciel un pain qui, sans aucun travail, renferme en lui tout agrément, et dont le goût a une suavité suprême ; » parole que le Christ s’applique en ces termes : « Ego sum panis vivus qui de cœlo, etc. ; Je suis le pain vivant, descendu du ciel ; celui qui mangera de ce pain vivra éternellement, et le pain que je donnerai est ma chair, qui a été livrée et qui donne la vie au monde. » Et il faut remarquer que dans l’Église on reçoit le corps du Christ lorsqu’on prend le pain, quand on offre le pain béni et quand on reçoit la bénédiction, comme il sera dit au chapitre du Baiser de paix. Or, celui qui veut communier doit être rempli de crainte, de foi et de joie (De consec., dist. ii, Timorem).