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jusqu’au publicain. Certains auteurs ont écrit que c’est parce que le grand-prêtre de l’ancienne loi avait en écrit sur son pectoral les noms des douze tribus ou des douze patriarches que le prêtre, de la nouvelle loi, pour conserver ce souvenir, fait mémoire de la bienheureuse Vierge, des apôtres et de quelques martyrs.

V. Mais, puisque l’Eglise, parmi les saints, honore avec magnificence la mémoire des confesseurs, pourquoi n’est-il pas fait commémoration d’eux dans le canon ? A cela on peut répondre que le canon a été publié avant que l’Eglise célébrât la mémoire des saints confesseurs. Car presque tous les saints dont il est fait commémoration dans le canon ont précédé saint Sylvestre, tels que pourtant Jean, Paul, Marcellin et Pierre, qui se sont suivis de près. Ce ne fut qu’après la mort du bienheureux Sylvestre que l’Eglise commença à honorer la mémoire des saints confesseurs. Une preuve convaincante que la publication du canon a précédé le culte des confesseurs, c’est que le catalogue des apôtres ne s’y trouve pas disposé de la même manière qu’on le rencontre dans des livres plus corrects, ou bien dans les évangiles. En effet, dans les premières éditions, comme le dit saint Jérôme, non-seulement l’ordre des évangélistes est changé, mais encore leurs paroles et leurs sentences sont mêlées confusément.

VI. On peut encore dire qu’il est seulement fait mention, dans le canon, des martyrs, parce que ce sacrement étant un sacrement d’amour, lorsqu’on l’offre on doit seulement faire mémoire de ceux chez qui le signe du véritable amour s’est plus spécialement révélé. Dans les apôtres, cet amour s’est révélé par le mépris des biens temporels ; dans les martyrs, par l’offrande de leurs corps aux tourments. En parlant du premier amour, saint Mathieu dit : « Pour nous autres, nous avons tout « quitté, et nous t’avons suivi. » En parlant du second, la Sagesse dit : « S’ils ont souffert des tourments devant les hommes, leur espérance est pleine d’immortalité. »