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Moïse : « Pourquoi cries-tu vers moi ? » quoiqu’il gardât le silence. Le Prophète dit aussi : « Parlez dans vos cœurs, et soyez touchés de componction dans vos lits. »

V. Cependant on peut dire que la première secrète (secretella) représente le temps auquel le Christ vint à Jérusalem, pour la fête, sans être connu, tandis que la deuxième secrète (secreta) figure le temps où il fut reçu dans Jérusalem avec des hymnes et des palmes, puis crucifié six jours après. La préface, c’est quand le Christ chanta dans le cénacle le cantique d’action de grâces après lequel il s’en alla avec ses apôtres sur le mont des Oliviers ; lorsque le prêtre dit : Sursum corda, cela représente l’ascension.

VI. Deuxièmement, on dit la secrète en silence, de peur que le prêtre, en élevant la voix, ne soit moins attentif à ce qu’il fait. Troisièmement, c’est pour que la voix du prêtre ne se fatigue pas trop par un chant élevé. Quatrièmement, c’est pour que les très-saintes paroles ne soient pas divulguées et livrées au mépris.

VII. On rapporte que jadis, comme on disait publiquement et à haute voix le canon, presque tout le monde le savait par cœur et le chantait sur les places et dans les rues. Des bergers, le chantant un jour dans les champs et ayant mis un pain sur une pierre, au moment où ils prononcèrent les paroles du ca non le pain se changea en chair ; quant à eux, frappés par la justice de Dieu d’un feu céleste, ils périrent à l’instant (14). C’est pourquoi les Pères décrétèrent que l’on dirait ces paroles tout bas, défendant, sous peine d’anathème, de les prononcer à tous autres qu’aux prêtres à l’autel, pendant la messe et revêtus des ornements sacrés. On donne aussi le nom de secrètes à certaines oraisons qu’on dit tout bas avant la préface. On a parlé de cela et du silence qu’il faut garder, au chapitre de l’Inclinaison du prêtre.

VIII. L’esprit du prêtre, au moment de la consécration, doit être, comme on l’a dit ci-dessus, tout entier à ce qu’il fait, car