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première moitié renferme la louange des anges, la deuxième et dernière celle des hommes. On lit, en effet, dans Isaie, chapitre vi, que les Séraphins se criaient l’un à l’autre et disaient : « Saint, saint, saint est le Seigneur, le Dieu des armées ; la terre est toute remplie de sa gloire. » On lit aussi dans l’évangile de Mathieu, chapitre xxi, et de Marc, chapitre xi, que ceux qui allaient devant Jésus et ceux qui le suivaient criaient : « Hosanna au fils de David ; béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur. » La voix des Anges dit : « Hosanna dans les profondeurs de la Trinité et de l’unité qui résident en Dieu ; » et ces accents louent un mystère, tandis que la voix des hommes, qui dit : « Hosanna au fils de David, » célèbre le sacrement de la divinité et de l’humanité unies dans le Christ. C’est avec raison que nous chantons à l’église les cantiques des anges, parce que nous ne doutons pas que par ce sacrifice la terre s’unisse au ciel, et c’est pourquoi nous nous écrions avec eux que le salut réside dans les hauteurs des cieux.

III. Or, il faut remarquer qu’on dit trois fois Sanctus, pour désigner la Trinité et la distinction de ses personnes ; mais on ne dit qu’une seule fois Dominus, Deus sabaoth, pour montrer l’unité de la nature (usia)[1] divine (De consec, dist. ii), parce qu’on adore l’unité, pour établir ainsi le mystère de la Trinité et de l’unité. On dit trois fois Sanctus au singulier, et non. sancti au pluriel, pour faire entendre qu’une seule sainteté et une seule éternité sont communes aux trois personnes de la Trinité. Ce n’étaient pas seulement les Séraphins qui criaient Sanctus sous le trône sublime de Dieu, comme nous l’apprend le Prophète ; ce cri était aussi celui des quatre animaux dont

  1. Du grec ousia, nature.

    Has tres personas unam dissertat usiam
    Nomine distinctam, sed majestate jugatam,

    lit-on dans les Actes de S. Cassien, martyr (Fontanin. ad calcem Antiquitat. hortœ, p. 353).