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messe sèche, parce que, si le prêtre ne peut pas consacrer, parce que peut-être il a déjà célébré, ou pour une autre cause, il peut, après avoir pris l’étole, lire l’épître et l’évangile, dire l’oraison dominicale et donner la bénédiction : de plus, si par dévotion et non par superstition, il veut dire tout l’office de la messe sans offrir le sacrifice, qu’il prenne tous les vêtements sacerdotaux et qu’il célèbre la messe dans son ordre, jusqu’à la fin de l’offrande, passant outre la secrète, qui appartient au sacrifice. Mais il peut dire la préface, quoiqu’on paraisse y appeler les anges à la consécration du corps et du sang du Christ. Cependant, qu’il ne dise rien du canon, mais qu’il ne passe pas outre Foraison dominicale et ne dise pas ce qui suit, qu’on doit dire à voix basse et en silence ; qu’il n’aie ni calice, ni hostie, et qu’il ne dise ni né fasse rien de ce qui se dit ou se fait sur le calice ou sur l’eucharistie. Il peut dire encore : « Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous » (Pax Domini sit semper vobiscum). Et à partir de là, qu’il poursuive et achève l’office de la messe selon son ordre ordinaire. Il est mieux cependant d’omettre le reste.

    qu’elle est célébrée sans consécration et communion, avec le simple récit des autres prières qui la composent. On l’appelle aussi de navigation, parce que, comme il n’est pas permis de dire la messe sur mer dans un vaisseau, pour le danger qu’il y a de répandre le sang qui est dans le calice, à cause des fréquentes agitations des vagues, ceux qui sont sur mer, ne pouvant mieux faire, se consolent au moins par cette sorte de messe, laquelle se dit en cette manière : Le prêtre, étant revêtu d’un surplis seulement et d’une étole, sans autre chose, et ne mettant sur l’autel ni l’hostie ni le calice, prend le Missel en ses mains, dans lequel il lit l’épître, l’évangile et le Pater ; après quoi il donne la bénédiction au peuple… Mathieu Galenus assure que telles messes sont fort usitées en Flandre. La pratique encore en est commune en quelques diocèses de France, et on s’en sert en certains endroits aux enterrements qui se font l’après-dînée, ou lorsqu’il n’y a qu’un prêtre en ces lieux-là qui a déjà célébré la messe, et qu’il survient quelque nécessité qui oblige de recourir à Dieu par l’entremise des personnes qui sont spécialement vouées à son service. » Bocquillot fait remonter l’antiquité de cette sorte de messe au IXe siècle : « L’on ne peut douter, dit-il, que Prudence, évêque de Troyes (en Champagne), ne l’ait trouvée en usage de son temps, ou ne l’ait introduite en faveur des malades qu’on allait communier en viatique ; car il la décrit dans un Pontifical Mss. qu’on a de lui. » (V. Bocquillot, Traité hist. de la Liturgie ou de la Messe, l. 2, chap. 7, p. 394 ; — Grimaud, la Liturgie sacrée, partie 1, chap. 10, p. 59 et 60. — V. Du Gange, Missa sicca ; et D. Carpentier, Supplem. ad Gloss. Du Gange, v » Missa ficta.)