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quer le cri de la femme dont il est parlé dans l’Apocalypse, chapitre xii. Une femme, c’est-à-dire l’Église, revêtue du soleil, c’est-à-dire du Christ, dont elle s’est revêtue dans le baptème, ayant une lune sous ses pieds, c’est-à-dire foulant toutes les choses passagères de ce monde et portant une couronne de douze étoiles sur sa tête, c’est-à-dire le chœur des douze apôtres, et grosse de tout ce qui s’est accompli en elle depuis son origine, crie comme étant en travail et ressentant les douleurs de l’enfantement. Or, l’offrande imite le cri de cette femme en travail, ou les salutaires souffrances du Seigneur, par son chant grave et sonore. Ce chant, qui déborde de neumes, et qui est fécond en versets, ne peut assez exprimer l’immense triomphe qu’il symbolise. Cependant on ignore quel est celui qui a institué le chant de l’offertoire.

VII. L’offertoire tire son nom du mot latin feria, qui signifie l’oblation que l’on offre sur l’autel et que les pontifes consacrent ; d’où vient qu’on l’appelle offertoire, comme en quelque sorte une chose offerte d’avance (prœfertum) ; et on l’appelle oblation, parce qu’on l’offre. L’offertoire s’appelle encore ainsi, parce que pendant qu’on chante l’offrande le prêtre reçoit des mains de ses assistants les oblations ou hosties dont on parlera au chapitre de l’Oblation.

VIII. Il faut faire attention que, quoique le prêtre dise d’abord Oremus, il ne prie pas cependant tout de suite ; au contraire, il encense, il reçoit les offrandes et fait d’autres choses, comme si par cette action même il disait : « Celui qui ne cesse pas de bien faire ne cesse pas de prier. » Pendant qu’on chante l’offertoire et que l’on encense, comme on a présent le souvenir de la passion du Seigneur, on garde le silence jusqu’au moment où le célébrant dit à haute voix : Per omnia secula seculorum. C’est pour marquer que Jésus, après la résurrection de Lazare, ne se montrait pas à découvert aux Juifs, parce qu’ils pensaient à le tuer ; mais il s’en alla dans une ville qu’on appelle Ephrem, et il y demeura avec ses disciples. C’est alors