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parties de l’oracle, savoir, dans les deux angles antérieurs, on plaça deux chérubins d’or, qui sont, selon Josèphe, deux animaux volatiles, ayant une figure comme jamais aucun homme n’en a vu. Moïse dit qu’il les aperçut figurés sur le trône de Dieu. Un chérubin regardait l’autre ; ils avaient cependant le visage tourné vers le propitiatoire, et, les deux ailes étendues par derrière et se touchant mutuellement, ils voilaient l’oracle et couvraient le propitiatoire. Or, le propitiatoire figure le Seigneur incarné, dont [saint] Jean dit : « Il est propitiateur pour nos péchés. » Les deux chérubins sont les deux Testaments, à savoir, le Nouveau et l’Ancien. Or, comme ils ne sont pas en désaccord, mais qu’ils racontent d’accord ensemble le mystère de l’incarnation du Christ, l’un en prophète, l’autre en témoin qui assure, ils dirigent sur le propitiatoire le visage de leur intention, et se regardent mutuellement.

XVI. Il y a encore trois sacrifices de l’Église qui, dans l’Ancien-Testament, sont symbolisés par le propitiatoire, l’encensoir et l’autel ; ce sont le sacrifice de la pénitence, de la justice et de l’eucharistie. Touchant le premier, il est dit : « Un esprit brisé de douleur est un sacrifice digne de Dieu. Tu ne mépriseras pas, ô Dieu ! un cœur contrit et humilié. » Touchant le second : « Alors tu recevras le sacrifice de la justice. » Touchant le troisième : « Je te sacrifierai une hostie c( de louange. » Sur l’autel du corps, la chair est immolée par la contrition ; dans l’encensoir du cœur[1], la dévotion est le

  1. Li cuers doit estre
    Semblans à l’encensier
    Tous clos envers la terre,
    Et overs vers le ciel.

    « Le cœur doit être semblable à l’encensoir, entièrement fermé du côté de la terre et ouvert vers le ciel. »
      Le Séraphin, poème Mss. de la Bibl. imp., n° 1862. « Ce poème inconnu, dit M. le comte de Montalembert, semble avoir ainsi devancé la magnifique expression de Bossuet, lorsqu’il dit du cœur de Mme « de La Vallière qu’il ne respirait plus que du côté du ciel. » (V. Introd. de l’Histoire de S. Elis, de Hongrie, p. xc, note 2.)