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X. Et remarque que Grégoire, Ambroise et Gélase composèrent des graduels, des traits et des allelu-ia, et établirent qu’on les chanterait pendant la messe. En outre, on chante parfois à la messe un seul répons, parfois aussi un seul alléluia, parfois un répons avec allelu-ia, parfois avec le trait, parfois allelu-ia avec le trait. Et l’on parlera de cela dans la sixième partie, au chapitre des Sept Jours ou de la Semaine de Pâques.


CHAPITRE XX.
DE L’ALLELU-IA.


I. Et comme la consolation suit la tristesse, « car bienheureux ceux qui pleurent, parce qu’ils seront consolés, » c’est pourquoi après le graduel on chante l’Allelu-ia, qui est un cantique d’allégresse qu’on entendit chanter aux anges, ainsi qu’on le lit dans l’Apocalypse, chap. xix. Et comme aussi l’ascension de vertu en vertu, que nous avons dit être symbolisée par le graduel, serait souvent ennuyeuse s’il ne s’y mêlait pas de la joie, comme dans le voyage des enfants d’Israël, qui coururent de grands périls d’étape en étape, c’est pourquoi après le graduel on chante l’Allelu-ia. On lit au livre de Tobie, vers la fin : « Tes places seront pavées d’un or pur et brillant, et le long de tes rues on chantera Allelu-ia. »

II. Or, l’Allelu-ia est le chant de louange des anges ; c’est une courte phrase qui renferme une grande joie ou qui invite à l’allégresse. Or, l’Église pousse de grands cris, parce qu’elle sait qu’il reste encore une longue route à fournir jusqu’à la montagne de Dieu, appelée Oreb, qui veut dire table ; car elle craint que les fidèles s’endorment dans la foi et fondent un veau d’or, c’est-à-dire se laissent corrompre par les biens du temps.