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oraison, parce qu’on lit en [saint] Luc, chapitre x : « Priez le maître de la moisson d’envoyer ses ouvriers pour couper son blé. » Epistola vient du grec, et veut dire en latin ajoût ou surérogation ; ce mot se compose d’ipi, sur, dessus, et de solon, mission, envoi. L’épître, en effet, a été mise par les apôtres en surplus de la loi de Moïse, en surplus du Psalmiste et des Prophètes, en surplus de l’Évangile, comme les prophéties étaient en surplus de la loi. D’où vient que les lettres qu’échangent deux personnes de l’une à l’autre et qu’elles s’envoient sont nommées épîtres, comme qui dirait surmises ou mises sur, ou ajout, addition, supplément à ce que le messager dit de vive voix, comme l’Apôtre, quand il dit aux Ephésiens, aux Corinthiens et autres fidèles qu’il leur envoyait des épîtres.

II. Selon maître Pierre d’Auxerre, on doit lire l’épître à droite dans l’église, parce que le Christ est d’abord venu aux Juifs, qu’on désignait par le côté droit. Cependant il est mieux de faire cette lecture au milieu de l’église, parce que [saint] Jean-Baptiste sépara les apôtres des prophètes, comme on le dira bientôt. On dit aussi l’épître dans un lieu bas et après l’avoir posée sur un drap, dont on parlera à l’article de l’Évangile.

III. On dit l’épître avant l’évangile, parce que l’épître désigne la mission que remplit Jean avant le Christ, en marchant devant le Seigneur pour lui préparer les voies, comme lui-même l’atteste : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez la voie du Seigneur. » Donc Jean est en quelque sorte le sous-diacre et l’assistant de Celui qui a dit de lui-même : « Je ne suis pas venu pour être servi. » Or, de même que la prédication de Jean a précédé celle du Christ, ainsi l’épître précède l’évangile. L’épître est encore la figure de la loi et des prophètes, qui précédèrent l’avènement du Christ, comme elle-même précède l’évangile. La loi a précédé l’Évangile comme l’ombre la lumière, comme la crainte l’amour, et comme le commencement la fin.