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les parques

Une torpeur magique au charme enveloppant
Envahit cette chair gisante, ensevelie
Dans le lin de la couche ainsi qu’en un cercueil.
La lèvre est sous le sceau, l’oreille est sourde, et l’œil
N’a que des visions d’ombre sous la paupière ;
Hors le souffle élevant la poitrine et les seins,
Le corps semble cloué dans le creux des coussins
Avec cette inertie étrange de la pierre.



La mort est une sœur puissante du sommeil.
Elle a la face blême, il a le teint vermeil,
Mais la même douceur détend leurs traits augustes.
Vous excédez le dieu de vos appels dévots,
La déesse n’entend que vos rebuts injustes :
Elle porte, elle aussi, le bouquet de pavots
Qui couche, en les frôlant, les corps les plus robustes,
Et ceux qu’elle a couchés ne se relèvent pas,
Et la nuit du repos qui succède au trépas
N’est point par le labeur du songe interrompue ;
Mais l’être conscient que vous avez été,
Brisant les nœuds de chair de son identité,
Redevient un amas de fange corrompue.