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XI

LE CHANT D’ATROPOS


Tu trembles de mourir, fragile humanité !
Tu maudis follement l’heureuse inanité
De ton destin qui passe ainsi qu’un rêve d’ombre.
Tes ans ont douze mois, dont les jours ont au plus
Douze heures de clarté, douze heures de nuit sombre.
Les ans, par nos soleils suprêmes révolus,
Sont faits de mois sans fin peuplés de jours sans nombre.
L’astre de Jupiter, indice d’or des dieux,
Nous mesure le temps en sillons radieux
Sur la route d’azur que sa course doit suivre :
Accumule avec lui les siècles par monceaux ;
Étends à l’infini ces cycles colossaux,
Et sonde le dégoût divin de toujours vivre.