Page:Dupuy - Les Parques, 1884.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.
39
les parques

Oui, la mère nature est la magicienne
Qui, répandant sur toi sa jeunesse ancienne,
Sait apaiser tes maux d’une heure, humanité.
Mais l’art rend à ta vue attentive et ravie
Tous les déchirements douloureux de la vie
Sans l’appréhension de la réalité.
Il fait du jeu sanglant des amours et des haines
Une suave angoisse aux pleurs voluptueux ;
Il dore à la lueur des illusions vaines
L’obscure destinée aux sentiers tortueux,
Et, secouant le joug de l’âme délivrée,
Par delà les soleils il l’emporte enivrée
Sur le vol cadencé du vers impétueux.



Ou bien sous le frisson des lyres animées
L’essaim capricieux des douleurs bien-aimées
Que l’harmonie enferme en ses accords vivants
S’éveille, et tour à tour des flots de joie austère,
De détresse ineffable et d’éloquent mystère,
Rythmés comme la voix décroissante des vents,
Ardents comme les traits de l’aurore embrasée,
Fuyant comme l’aspect du nuage emporté,
Chastes comme la neige à peine reposée,