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les parques

La rougeur de l’aurore aux joyaux d’épousée,
Le sourire fuyant des soirs évanouis.



« Ramenant les soleils dans leur marche ordonnée,
Je rajeunis pour toi la face de l’année
Sous le flux alterné des feux et des frimas ;
Je fais croître la vigne, et l’olive et les palmes ;
Les pôles, les pays brûlés, les zônes calmes,
Sont tes domaines clos par les murs des climats.
Pour rafraîchir tes sens troublés, ta tête lasse,
Pour raviver ton cœur et ton corps refroidis,
J’ai sculpté la montagne aux épaules de glace,
J’ai creusé le contour des golfes attiédis ;
Pour éblouir tes yeux assouvis de désastres,
J’illumine sans cesse à la splendeur des astres
Le spectacle des cieux qui te sont interdits.



« Les poètes ingrats me font aveugle et sourde :
Si mon visage est dur, c’est que ma tâche est lourde.
Tu peux voir frissonner ma tendresse au printemps,
Quand mai rougit la haie en fleurs, que l’herbe pousse,
Et que le toit de l’arbre au fût bardé de mousse