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les parques

Homme, nous t’envions tes terreurs, tes blessures.
Quel fer vivifiant marquera ses morsures
Dans mes flancs de déesse ainsi que dans tes chairs ?
Quelle agitation féconde en espérances
Initiant mon âme au bienfait des souffrances
Me rendra les répits qui succèdent plus chers ?
Quelle torpeur morbide, envahissant mon être,
Et mêlant à mes jours insipides son fiel,
Me donnera la joie humaine de renaître
Et d’aspirer la vie avec l’air pur du ciel ?
Homme, prends le nectar ; homme, prends l’ambroisie ;
Mais abandonne-moi ta faim que rassasie
La sauvage douceur d’une goutte de miel.



Tes jours seuls sont comptés ; notre existence est vaine.
Ta race est asservie à la loi de la haine,
Mais la haine est la source obscure de l’amour.
De larmes et de sang encor qu’il se repaisse,
L’instinct te sollicite à défendre l’espèce,
En te donnant des fils qui luttent à leur tour.
Alors tes yeux hardis cherchent un regard tendre.
Un bras léger s’appuie à ta robuste main,
Une vierge t’écoute et rougit de t’entendre