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les parques

C’en est fait pour jamais du repos fabuleux.
Sur la sphère d’argile aux grands horizons bleus
Nul atome perdu qu’un désir ne pénètre,
Nul germe qui ne coure à l’ovaire béant,
Nul fœtus qui n’aspire à sortir du néant,
Nulle incarnation qui n’ait hâte de naître,
Et naître, c’est marcher déjà d’un pas certain
Vers cet inévitable et lugubre destin
De vivre, de sentir, de vouloir, de connaître.



L’enfant paraît au jour : C’est un vagissement
Prolongé, suraigu, qui dit le froissement
Dont souffre sa chair nue au choc de la lumière.
Jusqu’à l’heure où cet être enfin se dissoudra,
Ingénieux bourreau, la Nature étendra
En l’affinant toujours la douleur coutumière,
Et nos cris étouffés ou nos pleurs ingénus
Forment comme une chaîne aux anneaux continus
Qui joint le dernier râle à l’angoisse première.



Une souffrance éteinte, une autre reparaît.