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signataires actuels se contentent de ne parler qu’en leur propre et privé nom. » Ceci le 9 décembre ; le même jour M. Guigniault mettait Galois à la porte. Ce fut seulement le lendemain qu’une nouvelle lettre fut écrite et envoyée à la Gazette des Écoles ; et il résulte de son texte que l’accord n’avait pu s’établir entièrement entre les élèves de deuxième année Lettres et ceux de deuxième année Sciences. Les premiers avaient signé ce qui suit :


Paris, le 10 décembre 1830.
Monsieur,

Ce n’est pas à nous, élèves résidant encore à l’École Normale, qu’il appartient de repousser les attaques parties du dehors contre notre directeur. Nous ne voulons donc pas engager ici une longue polémique avec la Gazette des Écoles, ni chercher à réfuter ses injures. Mais nous avons été vivement indignés que l’un de nous prétendît se constituer le représentant de toute l’École, et affirmer en notre nom des faits que nous attestons être faux ou dénaturés par la manière odieuse dont ils sont présentés. Nous désavouons entièrement l’esprit aussi bien que la forme de la lettre écrite dans le numéro de la Gazette des Écoles du 5 décembre. Loin de partager les sentiments qu’elle exprime, nous saisissons avec empressement cette occasion de témoigner à M. Guigniault notre reconnaissance pour la manière aussi noble que ferme dont il a défendu nos intérêts pendant tout le cours de son administration, et dans les moments les plus critiques pour l’École. Nous déclarons que nous lui sommes redevables d’avoir joui d’une liberté de penser que l’on cherchait alors à étouffer partout, et que, pendant les derniers jours de Juillet, dans ses rapports avec nous, sa conduite n’a pas démenti ce qu’il avait tenu jusqu’alors. Nous espérons, monsieur, qu’après avoir accueilli avec tant d’empressement l’accusation de l’un d’entre nous, vous recevrez de même la réclamation de tous les autres, et que vous insérerez notre lettre dans le plus prochain numéro de votre Journal, sans nous forcer de recourir aux voies légales.

Les élèves de seconde année résidant encore
à l’École, témoins des faits.

Après ce long et chaleureux satisfecit donné à M. Guigniault par les littéraires, venait un post-scriptum plus sec signé par les scientifiques :


Les élèves de seconde année, non témoins des faits, déclarent toutefois qu’ils refusent à l’auteur de la lettre insérée dans le numéro de la Gazette des Écoles du 5 décembre le témoignage qu’il réclame d’eux.