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UN MONDE

En ce moment nous venions de tourner une enfilade de cabanes qui nous cachaient la foule, et nous nous trouvâmes devant un spectacle d’une lugubre confusion. Sur une table légèrement inclinée, était étendu de tout son long le cadavre horriblement défiguré du pauvre curé espagnol, que j’avais vu si joyeux et si robuste encore la veille. De larges taches violettes qui devaient avoir été produites par la pression effrénée de doigts de fer, maculaient les contours de son cou. Au milieu de sa poitrine horriblement labourée de coups de couteaux, se remarquait surtout une hideuse blessure, dont les bords tout meurtris et écartés montraient que l’assassin avait dû y retourner plusieurs fois son arme. La figure du cadavre rendait encore en ce moment l’expression de la poignante douleur et de l’impuis-