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tinrent sur leurs gardes ; sil croyaient y voir un piége. Cependant peu à peu la figure si joufflue et si placide d’Antonio, ses manières si lentes, et son œil si rêveur, finirent par les rassurer. De la sécurité, ils passèrent dont à l’imprudence, et bien leur en prit, car ils débarquèrent impunément, aux endroits confiés à la garde d’Antonio, plusieurs colis de marchandises qu’avec un autre employé ils n’eussent pu faire passer, sans entrer en composition. Une nuit, des cargadores en expédition trouvèrent Antonio couché sur la plage, et dormant d’un bruyant sommeil. Ils eussent pu, certes, se déranger facilement de quelques pas ; mais loin de là, ils passèrent, au contraire, les uns après les autres, avec leurs ballots sur leurs têtes, par-dessus le corps du garde en défaut, et le dernier de la troupe eut même