Saluez donc, futur vieillard !
- Un jambon de Bayonne.
- De Bayonne en Bayonnais.
- Bayonnais en Bayonnette.
- Ah ! turlurette !
- Eh ! bon, bon, bon,
- Que le vin est bon
- Avec le jambon
- De… Pif !
- Pouf !
- Pif !
- Paf !
- De Bayonne !!
- Ah ! vive le jam, jam…
- Le bon, bon…
- De Ba, Ba…
- Le jam… le jam… le bon… bon… de Ba… Ba…
- De Bayonne !
- Jambonus !
- Jambona !
- Jambonum !
- De Bayonne !
- Le rillon, la rillette.
- Le saucisson de Lyon.
- De Champagne l’andouillette !
- Ah ! turlurette !
- Eh ! non, non, non,
- Ça n’est pas si bon
- Que le vrai jambon.
- De… Pif !
- Pouf !
- Pif !
- Paf ! etc.
Allons, verse encore, et ne va pas faire comme l’autre jour dans Lucrézia.
Ah ! oui, oui… J’avais oublié l’affreuse fiole des Borgia.
Et comme il fallait absolument me tuer…
J’ai remplacé le fatal breuvage par une ruade alsacienne très-connue dans le Bas-Rhin. (Geste avec le pied.) Vlan ! en plein.
Je n’en suis pas moins tombé en m’écriant : Ah ! je meurs empoisonné. (Il retombe sur sa chaise.)
Empoisonné !
Qui vient ça !
Madame et Messieurs, c’est du kirsch.
Wasser… donne.
De la forêt Noire… ça nous connaît.
Je crois bien… Laissons-les s’enivrer, et quand ils seront sous la table… j’enlève Simplette. (Il sort.)
- Du vin, du vin, du kirsch et du tabac,
- Ça fait, ça fait du bien à l’estomac…
- Paroles, paroles de monsignor Ze Scribe,
- Musique, musique
- De monsignor Z’Adam…
(Ils frappent avec leurs gobelets.)
- Ran, plan, plan !
Redoublons.
Non, ça serait de la bohème. D’ailleurs il n’y a plus rien. N’abusons pas de la générosité de ce pauvre garçon… Qu’est-ce qui m’aide à ranger la table ?
Pas moi.
Et en attendant les autres camarades, si nous piochions un peu nos rôles des Trabücayres ?
Non, j’aime mieux en griller une.
Grilles-en deux, si tu veux, mais répétons.
Ah ! oui, notre grand drame de début à Bayonne.
Cinq actes et trente-sept tableaux.
Musique de monsieur Beaujolais.
Paroles de monsieur Vert-Panné.
Mise en scène…
Inférieure…
De mademoiselle Gigolette.
Vois-tu, mon petit vieux, c’est pas pour te flatter, mais tu as crânement tapé ça. Je ne sais pas ce qu’ils en diront à Paris, cette ville jalouse ; mais, vois-tu, entre nous, la musique… la, sans fard, ça y est… aux pommes.
Et ton poëme ? je ne te dis qu’une chose, ma vieille : si l’Académie a deux sous de n’importe quoi, tu passeras le pont des Arts.
Il y passera.
Mais non, mais non ; c’est tout bêtement sublime, voilà tout.
Comme comédien, ça va encore ; mais comme auteur… (Geste de la main.) Toc !
Comme acteur, il est passable ! mais comme musicien, tacet !
Et quel titre !…
Tromb-al-ca-zar ou la Défaite opiniâtre et prolongée des Trabücayres, premier tableau, scène première.
Toi, Gigolette, en attendant ton entrée, va faire sœur Anne sur la plage, et vois… si tu ne vois… rien venir. (Il la fait sortir à gauche.)
Ah oui ! les camarades… ah ! s’ils pouvaient se faire restituer la recette…
Recette fabuleuse…
Vingt-sept francs soixante… en gros sous !
Abonnement compris.
Scène VII.
Voyons, voyons… la scène se passe en Espagne, dans une posada.