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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


puritain et le voluptueux. Amande le savait, mais son partenaire ne l’ignorait point, et tous deux firent un couple de haute allure, qui inspira à quelques bourgeoises une envie âcre, mélangée d’ailleurs de mépris…

— Mademoiselle, disait le danseur, vous êtes exquise.

— Certainement, répondait Amande, en s’efforçant vers une naïveté bien imitée.

— Vous dansez à ravir.

— Vous me flattez, monsieur !

— Pas du tout. Oh ! je voudrais que vous me fissiez l’honneur…

— Tous les honneurs, monsieur, si vous voulez…

— Eh bien, puisque nous sommes à la fin de cette danse, venez donc boire un peu de champagne avec moi.

Amande hésita. Mais son expérience des hommes était limitée et on ne lui avait jamais dit que les bons danseurs, polis et discrets, fussent en sus des gens dangereux. Elle crut pouvoir accepter.

Tous deux se rendirent dans une loggia demi-ténébreuse, d’où l’on voyait tout sans que personne à l’extérieur fût en mesure de se rendre compte de ce qui s’y passait…

Amande eut un doute léger en pénétrant dans ce coin obscur, mais le sérieux et la politesse de son galant la rassurèrent, et puis, elle avait soif…