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LE SABBAT

d’effroi et d’orgueil, puisque Satan les avait sanctifiées, mais dans le lieu même où elles se souvenaient d’être tombées, ointes d’onguent et saoules d’alcool.

Mieux, Babet se souvenait qu’à la femme du regrattier, la jolie blonde qui d’abord refusait d’aller au Sabbat, l’ongle du diable avait fait durant l’affreuse nuit une longue estafilade sur un sein.

Et, au réveil, elle vit la rainure ensanglantée où avait passé l’épouvantable griffe du Malin.

Il y avait d’autres traces ignobles et inavouables encore…

Il fallait donc croire ?

Mais comment seraient-elles allées au Sabbat pour se retrouver, pieds nus et sans traces extérieures du voyage, au lieu même où elles s’étaient endormies ?

Jamais Babet ne put expliquer tout cela. Tantôt un argument lui faisait admettre définitivement qu’elle avait rêvé et que le Sabbat se passait dans des esprits hallucinés, tantôt elle était certaine d’y avoir vécu une diabolique nuit.

Et le plus troublant, c’est que, se souvenant longtemps après du lieu — bien connu d’elle et proche de sa demeure — où elle avait vu jeter le corps de l’enfant égorgé à Satan, elle y revint et trouva sous le buisson, dont la mémoire lui restait