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LES AMANTES DU DIABLE

retrouvait sa demeure bien celée et s’y précipitait. Le cœur lui battait follement. Elle sentait sur son corps meurtri par les heurts avec des arbres, les chutes et les égratignures que sa fuite lui avait apportées. Elle ne savait même plus ce qui s’était passé, tant sa peur était grande et son souci…

Certainement c’était une troupe en armes, qui avait tiré sur les femmes convulsives. Mais pourquoi, et à la suite de quel étrange événement ou de quelle trahison ?

Jean Hocquin dormait d’un sommeil paisible. Il ignorait que sa femme se fut absentée. Quant à Babet, ce fut en vain qu’elle s’efforça de calmer les battements de son pouls et une espèce de halètement qui lui interdisait de respirer. Jusqu’à l’aube elle resta ainsi pantelante, les yeux ouverts, et ne sachant s’il lui fallait continuer de prier Satan ou revenir à Dieu.

Enfin elle vit, à travers les feuillages qui ornaient la fenêtre ou plutôt l’ancienne meurtrière de sa tour, que le jour se levait.

Elle sortit en hâte. Elle savait un ruisselet souterrain qui apparaissait non loin, dans une sorte de cuve naturelle, et disparaissait ensuite sans qu’on sût comment. Elle se mit nue et se plongea dans l’eau glacée. Cela rafraîchit son sang et ses pensées. Le calme lui revint.