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LE PACTE

cri douloureux et féroce, puis s’accroupit. Très loin un autre appel hurlé sonna alors dans l’air sec.

— Je ne vais tout de même pas avoir affaire à une harde, fit l’homme en avançant vers la bête blessée, qui crispait spasmodiquement les muscles de son torse.

Le fauve voulut reculer. Il se sentait vaincu. Il s’érigea pourtant encore sur ses quatre pattes grêles, en tendant son cou maigre que la souffrance faisait frissonner. Ses flancs battaient. Un hurlement s’échappa encore de la gorge contractée, mais, voyant qu’il fallait faire face, il devint silencieux et ses yeux rougeâtres s’arrondirent. Une bave ensanglantée coulait de sa langue pendante.

Très éloigné, un bruit fin et musical se répandait. Il semblait amenuisé par la distance et doux comme une caresse. Un rythme le coupait, le fragmentait en morceaux inégaux.

— Je suis encore en retard, dit, d’une voix dure et coléreuse, l’homme qui écoutait. Voici l’angélus.

Et brusquement il frappa le loup sur le museau. Le couteau fendit les bajoues sans que la gueule moins agile put saisir au passage la main ni la lame. Et d’un dernier coup sur la nuque le grand fauve fut annihilé. Il roula de côté, les pattes raides et les yeux toujours étincelants. Son souffle se précipitait, Il soulevait violemment les côtes, visibles sous la peau velue, mais la bête orgueilleuse ne cria point.