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LA PRISE DU CHÂTEAU D’ASSIEN

à mourir s’il faut. Car elle sait n’avoir rien à craindre de l’autre vie. C’est le paradis qui l’attend. Dieu, qui est aussi gentilhomme, n’oserait pas envoyer une femme à trente-deux quartiers dans son Enfer…

Et puis, pour quelle raison irait-elle chez les damnés. La comtesse d’Assien est une femme juste…

Et l’idée, qu’elle ait pu être coupable et reprochable de faire pendre une centaine de vilains dans sa vie, ne l’effleure même pas.

Hocquin la tuerait bien, car il n’est pas tenté par l’idée que cette femme noble soit plaisante à prendre. Il lui préfère Babet.

Elle devient plus pâle encore devant l’impassibilité du soldat, et pense que sa dernière heure sonne, puisque ce manant ne veut même pas s’enrichir, le sot !

Elle dit d’une voix émue, car en somme on lui a appris à être digne devant le malheur, mais non point à lui trouver bonne figure :

— Allez-vous en !

Hocquin hausse les épaules avec mépris. Mais il n’a pas le temps de faire un geste ni de dire un mot, la porte par laquelle la femme est entrée saute sous un effort violent, et un gaillard ensanglanté entre, une énorme lame au bout du poing.