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LE SABBAT

l’agrément. Elle restait au fond satisfaite, sans presque se l’avouer, que la maison, témoin de ses amours avec le gentilhomme inconnu, fut totalement disparue. Car cela immobilisait un cher souvenir qui lui chauffait parfois les entrailles. Jean reprit donc, malgré l’or rapporté de Paris, son métier de chasseur avec une joie neuve. Ses armes étaient meilleures. Il avait des fils métalliques pour faire des collets plus parfaits que jadis, et son pourpoint de buffle le mettait en mesure de se défendre même contre la lance ou l’épée d’un soldat.

Laissée tout le jour seule, Babet sentit enfin qu’il lui fallait retourner vers son Maître. Elle se rendit un après-midi chez le sorcier.

L’étrange personnage avait encore une fois changé de gîte. Il s’était fait une hutte de branchages dans un lieu presque inabordable. Toujours il reposait dans un fauteuil fait de pierres si soigneusement choisies et placées qu’on lui voyait l’aise parfaite d’un grand seigneur dans sa cathèdre à juger. Il possédait également de mystérieuses boîtes closes et des pots avec des remèdes, des parchemins qu’il préparait lui-même, des livres et quelques animaux familiers dont l’intimité avec un homme semblait étonnante : un loup, des serpents, trois chats et une bête mystérieuse qui tenait de l’homme autant que de l’écureuil et riait aux visiteurs en leur montrant les dents.