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LE SABBAT

— À moi, Satan !

— Satan, je veux t’appartenir !

— Satan, accepte le don de ta fidèle servante !

— Satan, Satan, je languis de ton amour !

C’était un magma de corps pressés, de faces tendues aux yeux fous, de mains crispées vers la forme maudite et fascinante. Mais lui, accoutumé sans doute à ces délires, ricana :

— Qu’on me donne l’enfant non baptisé, qui seul peut sanctifier mon Sabbat.

Une vieille au sourire hideux, décharnée et osseuse, accourut.

— Voici, Maître !

Elle tendait une petite forme qui vagissait.

— Qui va l’égorger ? demanda le Démon avec une sorte de coassement de plaisir.

— Moi ! fit une voix d’homme.

— À toi donc, mauvais prêtre, mon fidèle et fervent camarade ! Tu mériterais vraiment, si je pouvais le faire, d’être enrôlé parmi mes diables favoris. Tu grillerais moins fort, ou supporterais mieux mes chaudières, lorsque tu mourras…

Il eut un geste de menace :

— Car ce sera bientôt.

— Que m’importe, cria l’homme. Je suis plus que Diable, je suis aussi puissant que Dieu.

Une sorte de terreur plana devant l’affirmation sacrilège, et le Diable sourit encore en tendant la