Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 38 —


amour sensuel insatiable. Dans les abattements, les écœurements de la vie, mes haines contre l’humanité perverse, c’est près d’elles que je me suis repris à la lutte : c’est en elles que, moderne Titan, je me suis infusé le sang généreux des héroïques combats. Je n’ai jamais quitté les bras d’une femme sans me sentir plus fort, l’esprit plus libre, plus vertueux d’audace ; une femme, c’est toujours la tyrannie, vingt sont des inspiratrices dévouées. À vingt-cinq ans, j’avais trente maîtresses qui ont été mes initiatrices. À quarante ans, j’étais aux pieds de toutes les femmes, que le magnétisme féminin dont j’étais pénétré par mes antériorités amoureuses, séduisait sans paroles, obéissant au geste, car la femme est la grande devineresse, la sensitive par excellence. Elle serait divine, si l’éducation bourgeoise qu’on lui donne, ne l’avait pervertie, de sens et d’esprit.

— Vous généralisez trop, milord.

— Non, altesse, il n’y a pas une idée dans mon cerveau qui ne soit la personnification d’une femme, roturière ou grande dame. Voici un fait qui démontre bien la puissance d’attraction que possède l’homme en commerce voluptueux suivi avec la femme, pluralité infinie. À trente ans, je n’avais qu’à paraître pour être désiré. Un jour, je me rencontre avec un ami qui venait d’épouser une admirable beauté, dont il était follement épris et