Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/282

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 270 —

La statue du dieu Simone, l’Inère cornu aux pieds fourchus, assis sur un groupe de faunes ivres, dominait la table.

Un jeu de robinets permettait d’activer ou de modérer l’action des lumières.

Les convives portaient la robe synthèse de fine batiste : blanche pour les hommes, pourpre pour les femmes.

Le marquis de Méhaigne, un sourire d’extatique veulerie aux lèvres, était couché sur un des lits de festin, à côté de la Morphine, dont la chair, collée à la sienne à travers le léger tissu qui la couvrait, le brûlait.

Le comte de Joyeuse avait été élu grand prêtre, chargé de présider aux libations.

Un lit lui avait été réservé au côté opposé de la table, entre deux vierges solisteriennes descendues à toutes jambes de Montmartre.

Il se promenait sombre, lançant à l’heureux marquis des regards de haine folle, le couteau tranchant à manche d’or des sacrificateurs à la main.

Le baron Locule, Silène ventru, figurait le prêtre de Pan, entouré de nymphes de la zone galante, qu’il chatouillait de ses verges sacerdotales.

La belle Hollandaise et Mucha, la Portugaise, étaient là aussi, luttant pour l’honneur de la pros-