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Hermione, entourée de luxe et d’affection, aurait dû être heureuse avec les deux enfants que Cupidon lui avait donnés en vingt mois.

Pas du tout, elle s’ennuyait à mourir. Elle trouvait que puisque M. de la Baissonnière était marié, il n’avait plus à s’occuper de ses livres, de ses séances académiques et autres, d’écrits ni de recherches. Il se devait à sa femme, rien qu’à sa femme. Bref, c’était une femme à lubies, et une femme à lubies, c’est cent fois plus dangereux qu’une femme à passions.

C’est pour les femmes à lubies que les magasins du Bon Marché, du Louvre, du Printemps, du Petit Saint-Thomas, de la Samaritaine, de la Belle Jardinière et tutti quanti ont été créés, ont un budget de publicité énorme et coulent dans les boîtes aux lettres leurs milliards de prospectus.

D’après la statistique courante, il y a deux cent et trente-huit mille femmes à lubies qui visitent journellement ces déballages de fantaisies coûteuses. Ce chiffre paraîtra bien bas si on considère qu’il en passe vingt fois autant à côté.

La lubie par excellence d’Hermione était la conversation mondaine.

Le diable lui envoya, dans une visite au Louvre, un particulier qui se disait comte Cosaco de l’Ambuscada : brun, grand, mince, une tête de gitano comme il s’en trouve des centaines sur le boule-