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pitamment la pécheresse, surprise, nue, drapée d’un drap de lit sur l’autel de son oratoire, devant lequel elle s’agenouilla ensuite sur son prie-Dieu, égrenant son chapelet. Le commissaire et l’officier s’inclinèrent respectueusement devant la sainte improvisée et passèrent à la visite des locaux dans lesquels ils ne trouvèrent qu’un comique d’un théâtre du boulevard procédant à sa toilette intime.

— Tiens ! Dusalez, c’est ici que tu perches ? lui dit le commissaire en lui serrant la main.

— Pour quelques jours seulement ; j’attends une vieille tante, dont je dois hériter, et je me suis casé dans une maison sérieuse pour lui donner une haute idée de ma vertu. Excuse de te recevoir dans cet appareil, je n’attendais pas Monsieur, répondit le comédien en s’inclinant devant le soldat.

Celui-ci avait déjà estimé le comique bon pour le service. Il en avait tant vu !

La clientèle courante de Mme Lamirale se composait surtout d’habitués accompagnés de maîtresses dépendantes ou de rencontre : bourgeoises, ouvrières ou cocottes qui lui louaient une chambre pour une heure ou deux ; quelquefois pour la nuit.

Le coup de feu commençait dès six heures du soir en hiver, vers huit heures en été.

Le prix de location pour la passe était de cinq francs.