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— Gardez-vous-en bien, mon garçon, vous reviendrez quand je vous en donnerai l’ordre.

C’était sévère, mais juste : l’ex-clerc n’était plus qu’un domestique que sa maîtresse payait pour être à ses ordres. Il n’était survenu d’autre changement dans sa position que la charge de lui assurer la provende d’amour, comme il avait celle de donner l’avoine à ses chevaux.

C’est la réflexion que le beau cocher s’était faite, et elle ne lui paraissait pas couleur de rose.

— Nous verrons bien qui sera le maître, s’était-il dit.

En sortant du nid voluptueux, la duchesse lui avait recommandé d’atteler pour six heures. Elle se complaisait dans son rôle de grande amoureuse à étonner par sa vaillance. Lorsque apaisée, rafraîchie par le bain, après ses nuitées d’amour, elle apparaissait, épanouie comme une rose superbe qui a reçu la rosée du matin, dans sa promenade matinale au Bois, elle paraissait de la nature des déesses immortelles pour lesquelles les jours sont sans nuit.

En la voyant descendre du perron de l’hôtel, le beau cocher s’était posté à la portière de la voiture pour lui prêter galamment le secours de sa main.

Un regard hautain de sa compagne de nuit le rappela à la réalité de sa position.

— Votre place est sur le siège de la voiture, mon