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Malheureusement pour lui, il manquait d’entraînement et d’éducation mondaine.

Pour comble d’indignité, sa sordidité d’agrairien le privait des lumières qui font aimer l’art pour l’art.

Lui, ne pensait qu’au lard que la possession de la duchesse devait lui procurer.

— Quand je la posséderai, il faudra bien qu’elle marche, se disait-il en ses irritations de mâle terreux.

La possession était son cauchemar : avec la femme, il croyait qu’il tiendrait la bourse.

Et il y a comme cela des milliers de gueux en habit noir, qui chaque soir colimaçonnent dans les salons mondains.

Deux occasions s’étaient déjà présentées au beau cocher de posséder sa proie, mais il n’avait osé : il faisait jour.

La première datait du commencement du printemps. Il avait trouvé la duchesse endormie, étendue, dans un abandon tentateur, sur le divan du jardin d’hiver.

Il l’avait longtemps fouillée de ses regards lubriques, s’enivrant des parfums de son corps, et il s’était retiré à pas de loup, chancelant.

Cette contemplation l’avait allumé.

Retiré dans sa chambre, il s’était reproché sa faiblesse.