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Il hausse et abaisse, il ouvre les portes de diamants aux moindres et creuse le tombeau au génie ; il fait d’un soldat un empereur et de Bélisaire un mendiant ; il pulvérise les grandes cités et en fait des déserts ; il abat et réédifie les bastilles, condamne, proscrit et immortalise.

Il est Mammon, dieu défiant l’Autre, dont il éclipse la puissance.

Comme les dieux de l’Olympe, les Métalliques, dépositaires de cette toute-puissance, portent en eux toutes les appétences satyriques.

Tous leurs effets, latents ou foudroyants, sont calculés.

Leur philanthropie elle-même est un calcul ; c’est la part du feu qu’ils abandonnent à la meute enchaînée mais hurlante des réprouvés de la terre, toujours refoulée et toujours à l’assaut du Paradis perdu.

Le baron Tamponneau eut un jour un mot qui résume la philanthropie métallique :

— C’est de l’ensemencement, répondit-il au marquis de Catenète qui le félicitait sur ses libéralités périodiques prônées par les journaux mondains.

L’esprit de l’argent est essentiellement aphrodisiaque ; il est par excellence la déterminante de la prostitution ; aussi bien de celle qui s’étale dans les palais et sur les marches du trône, que de celle qui court les rues ; et ses effets sont réflexes.

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