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Les deux visiteurs suivirent une belle allée bordée de vieux marronniers, contournèrent une pièce d’eau et se trouvèrent devant le bâtiment principal, un hôtel princier à large perron en marbre, surmonté de deux étages balconnés, avec belvédère.

Le perron donnait immédiatement accès au grand salon : une merveille.

C’est là que Picardon et Me  Cordace furent reçus par Aglaé, devenue Mme de Sainte-Ernestine.

Le notaire fut étonné des changements survenus dans toute sa personne. Magicienne de l’art éminemment féminin, elle semblait une des grandes dames du siècle d’Henri II, dont deux tableaux, appendus aux panneaux du fond du salon, représentaient les types gracieux et sévères.

Elle était drapée dans une robe noire, qui laissait à nu ses épaules galbeuses au teint laiteux. Sa tête, coiffée à la Marie Stuart, donnait à son visage un air de candeur et de jeunesse des plus sympathiques : sa poitrine, belle toujours, battait violemment sur son corsage.

Le notaire se sentit repris en ses frénétiques désirs de belles chairs et d’amours savantes.

Elle l’accueillit, rieuse, la main tendue.

— Eh bien ! maître Cordace, il y a quelque chose de changé dans la situation, hein !

Ce que la sirène n’avait pu changer était son