Page:Dumont - Paris-Éros. Deuxième série, Les métalliques, 1903.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 6 —


d’honneur et de principes impeccables : de là, la course effrénée au ruban qui talonne tous les bons Français qui veulent épater et tondre leurs concitoyens, quelque convaincus qu’ils soient de la nullité de leurs titres à l’obtention de cette faveur.

On pourrait croire que les métalliques français sont ainsi privilégiés comme corsaires de la fortune publique. Point. Les cosmopolites, qui teintent si fortement la confrérie métallique, ont un fonds inépuisable de ces sortes de pavillons ; pour un ruban qu’un Français arbore à sa boutonnière, ils en fixent six à la leur, le tout réuni en rosette ; aussi sont-ils bien plus tabous.

Ces constatations sont simplement consignées ici pour mémoire, sans pensée aucune d’en faire la critique. Au contraire, je trouve cela très gai, d’une drôlerie infinie.

Je ne dis pas non plus que tous les métalliques soient sans honneur, sans mérite, sans vertu. La colle de crétin : « L’honneur est une île escarpée dont, sorti, on ne peut rentrer », est une devise de mirliton scolaire.

L’honneur est affaire de latitude et de tempérament, philosophiquement discutable comme celui que les femmes attribuent aux cent et six façons de coucher avec un homme. Il est et ne peut être que contingent aux faits de l’existence, faillible et défaillante, dont il suit, sans en rompre l’unité, les