Page:Dumont - Paris-Éros. Deuxième série, Les métalliques, 1903.djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 124 —

Cette lecture ne lui apprit rien sur la valeur du domaine, mais assez de renseignements sur les trois cent soixante-dix mille francs dont il était grevé ; ce que la duchesse appelait une bagatelle.

— Il doit évidemment valoir plus d’un million, se dit-il en remettant au lendemain le soin de le faire estimer par un expert.

Trois jours après, celui-ci lui remit son rapport, coût : deux cents francs.

Le domaine y était estimé trois cent quatre-vingt mille francs.

Le notaire fut atterré ; ses rêves d’avenir s’envolaient à tire-d’aile.

Me  Blanqhu était un impulsif, prompt dans la résolution de ses projets ; il combina de supprimer trois cent mille francs sur les mentions d’hypothèque antérieures et de faire recopier et signer le rapport de l’expert par un homme de paille, en en portant la valeur à huit cent mille francs.

Il savait qu’il risquait la cour d’assises en cas d’avatar, mais tous les notaires stellionnaires ne sont pas à Cayenne.

Il n’avait guère le choix des moyens, il n’inspirait pas confiance aux Malbecoquettois, qui paraissaient s’être syndiqués pour charger son collègue d’Avaloir, commune voisine, de leurs actes notariaux et de leurs baux à fermage. Et il croyait la duchesse toujours assez riche pour faire honneur à l’emprunt.