— Il n’y a pas d’amis en politique, il n’y a que des maîtres et des valets. Je ne veux être le valet de personne.
— De mieux en mieux ; nous devons les rouler les uns et les autres. Compte sur moi pour ce qui me concerne, j’ai cela dans le sang. Mais qui veut la fin veut les moyens ; chambres à part et liberté complète. Est-ce entendu ?
— Pas si à part que nous ne puissions nous voir, nous concerter.
— Dos à dos, si tu veux ; mais tu n’apparaîtras dans la mienne que quand je t’en prierai. Je ne veux pas de surprise. Quant à mes amants, c’est un détail dont je me réserve le contrôle absolu.
— D’accord. J’ai une dernière observation à te faire ; il faut que nous possédions deux millions dans deux ans.
— Et nous possédons actuellement ?
— Quatre-vingt mille francs.
— Il ne nous manque qu’un million neuf cent vingt mille francs. C’est faisable.
— Dans ce cas, levons la séance, et ne nous occupons plus de l’affaire que pour y penser toujours et n’en parler jamais.
Cette conversation est du domaine de l’histoire ; elle peut servir de document pour l’initiation aux mœurs de la IIIe République.
Tout avait marché au gré du ménage conspira-