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Armand.

Non ; mais il a laissé chez moi une lettre sévère. Il a appris ma retraite ici, ma vie avec toi. Il doit venir ce soir. Ce sera une longue explication, car Dieu sait ce qu’on lui aura dit et de quoi j’aurai à le dissuader ; mais il te verra, et, quand il t’aura vue, il t’aimera ! Puis, qu’importe ! Je dépends de lui, soit ; mais, s’il le faut, je travaillerai.

Marguerite, à part.

Comme il m’aime ! (Haut.) Mais il ne faut pas te brouiller avec ton père, mon ami. Il va venir, m’as-tu dit ? Eh bien, je vais m’éloigner pour qu’il ne me voie pas tout d’abord ; mais je reviendrai, je serai là, près de toi. Je me jetterai à ses pieds, je l’implorerai tant, qu’il ne nous séparera pas.

Armand.

Comme tu me dis cela, Marguerite ! Il se passe quelque chose. Ce n’est pas la nouvelle que je t’annonce qui t’agite ainsi. C’est à peine si tu te soutiens. Il y a un malheur ici… Cette lettre…

Il étend la main.
Marguerite, l’arrêtant.

Cette lettre renferme une chose que je ne puis te dire ; tu sais, il y a des choses qu’on ne peut ni dire soi-même, ni laisser lire devant soi. Cette lettre est une preuve d’amour que je te donnais, mon Armand, je te le jure par notre amour ; ne m’en demande pas davantage.

Armand.

Garde cette lettre, Marguerite, je sais tout. Prudence m’a tout dit ce matin, et c’est pour cela que je suis allé à Paris. Je sais le sacrifice que tu voulais me faire. Tandis que tu t’occupais de notre bonheur, je m’en occupais aussi. Tout est arrangé maintenant. Et c’est là le secret que tu ne voulais pas me confier ! Comment recon-